Lettre du 28 août 2019, de Hillsboro, reçue à la Bibliothèque Nationale de France, Paris, le 6 septembre 2019 :
"Chers Mesdames et Messieurs,
J'ai l'honneur de vous écrire afin de vous demander pardon et vous retourner un petit morceau du patrimoine français.
En 1975, j'étais un jeune américain âgé de 21 ans, étudiant à la Sorbonne où je faisais des études de musique et d'art français.
Etant moi-même musicien (je jouais du cor d'harmonie dans des orchestres universitaires), j'attendais avec impatience le 7 mars, centenaire de la naissance du grand compositeur français Maurice Ravel. Bien sûr il y avait plein de concerts partout à Paris ainsi qu'une exposition à la Bibliothèque nationale de France de ses objets personnels ( son passeport, sa canne, une lettre à lui écrite par Stravinsky qui était content que Ravel ait aimé ses Noces, etc).
Auparavant, j'avais fait un court séjour dans le sud-ouest de la France, et bien sûr j'ai visité la maison natale de Ravel à Ciboure. C'est alors que je me promenais dans la petite rue derrière la maison (là se trouve une petite église) que j'ai vu la grosse porte de derrière de la célèbre maison. Dans la serrure, il y avait une vieille clef.
Au lieu d'expliquer les émotions que j'ai senties à ce moment-là, je vous dirai tout simplement que j'ai volé la clef.
45 ans plus tard est venu le temps que je vous la rende. Maintenant âgé de 66 ans, j'ai quatre petits-enfants et je continue à me remémorer les moments inoubliables que j'ai passés en France, à l'exception du moment honteux dont je viens de parler.
Je vous demande pardon et je vous prie d'accepter cet objet sur lequel je n'avais aucun droit.
Veuillez croire, chers Mesdames et Messieurs, à mes sentiments cordiaux et respectueux."
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Réponse de l'administration française datée du 9 septembre 2019 :
Cher Monsieur,
Nous avons reçu votre lettre du 28 août, accompagnée de cette grande et vieille clef française.
Voler la clef d’un compositeur, voilà qui est cocasse… Votre histoire a beaucoup ému nombre de mes collègues et certains voulaient en savoir davantage sur « cet américain » surgi du passé, amoureux de Ravel et de Paris…
Quoi qu’il en soit, je vous remercie vivement pour cette rédemption absolument géniale qui fera également la joie, dans quelques jours, de la responsable de l’Académie Ravel à Ciboure. J’ai contacté cette personne qui était très émotionnée à l’idée de récupérer la clef oubliée et qui m’a assuré que dans cette porte à l’arrière de la maison, la porte qui donne sur la petit église, la vieille serrure était encore là et attendait sa vieille clef.
En vous remerciant à nouveau, nous vous prions d’agréer, Monsieur, l’expression de notre considération distinguée.
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Le 17 septembre, lors d'une cérémonie touchante, l'Académie Ravel à Ciboure a officiellement remis la clef au maire de la ville qui l'expose depuis dans la mairie, sous verre, avec d'autres effets personnels du compositeur.
L'Académie a officiellement invité le "repenti" à des rencontres musicales à Ciboure.